jeudi 21 octobre 2010

Etude sociologique du gros con (1)



Que la gent masculine m'excuse d'avance (bien qu'en fait je me fiche un peu qu'on m'excuse^^) et ceci dit, je pense que les quelques personnes parcourant ce blog de temps en temps ne se sentiront pas concernées (ou alors c'est que je choisi vraiment mal mes relations, à vous de voir messieurs :p).

Il y a de cela quelques temps et parce que suite, à un épisode tragique de ma vie, j'ai pu me le permettre, j'ai décidé de m'acheter une voiture. Jusque là, je ne m'étais trimballée qu'avec de vieilles casseroles de 12ème main, du genre qu'on doit pousser en côte sur l"autoroute (tu vois le genre hein Alou ? :p). La dernière en date étant celle que mon grand père m'avait donnée car il ne pouvait plus conduire, j'ai nommé : une BX beige !
Niveau paquebot hautement sexy et renforçant votre image de chef d'entreprise et de projet en design, quand vous arrivez chez un client pour lui faire accepter un projet à 20 000 ou 30 000 euros, on a vu plus crédible! Bref, j'ai décidé non seulement de changer de véhicule, mais aussi de changer de style pour avoir enfin une voiture qui me plaise et qui avance. Au départ, j'avais envie de me renseigner sur les New Beetle cabrio parce que j'aime bien la forme et qu'il y a des places à l'arrière. "Mais quel rapport avec le titre de l'article" me direz-vous. J'y viens, j'y viens. De cette décision est partie mon idée d'effectuer, quand l'occasion se présentait, cette fameuse et ô combien scientifique étude.

Selon mes calculs, je disposais de la somme, honorable à mon sens, de 15 000€ pour acheter un véhicule d'occasion dans lequel la motorisation n'obligerait ni à sortir des rames, ni à pédaler pour avancer. Ni une ni 2, hop, je prends le volant de mon char d'assaut pour me rendre chez le concessionnaire VW le plus proche (à savoir à 2 pas de l'agence, pratique pour y aller entre midi et 2). Me voilà donc dans le hall de réception de la concession,  non sans une certaine fierté de me trouver là pour enfin me trouver la copine à 4 roues de mes rêves. Alors que je cherchais des yeux un éventuel commercial, j'en repère un petit troupeau qui discutait derrière un bureau, je m'avance donc vers eux ce qui, sans doute grâce à leur flair de fouine naturel chez tout commercial, leur fait lever les yeux vers moi.
A cet instant très précis commence mon étude sociologique, sujet de cet article. Là, alors que dans n'importe quel magasin, n'importe quel vendeur voyant arriver un client, afficherait un sourire (très souvent de circonstance, je vous l'accorde) et viendrait vers vous, le vendeur de voitures lui a une analyse et réaction apparemment toute différente à savoir :
- levée d'yeux automatique par repérage extra sensoriel de l'ouverture de la porte et audition d'un pas,
- réaction immédiate:  "ah c'est une femme, elle doit surement venir voir le service magasin pour racheter un feu avant qu'elle a pété en rentrant dans le cul d'une bagnole en se garant",
- re-baissage d'yeux immédiat vers des papiers voire, ses collègues pour continuer à discuter.

Étant donné que, loin d'être démontée par la réaction curieuse du Crocodile Dundee de la jungle automobile, vous avancez fermement et toujours aussi fièrement vers lui et ses pisteurs, (machette à portée de main, on est jamais trop prudente), vous arrivez irrémédiablement devant la limite du camps retranché à savoir: le bureau protégeant les divers anthropoïdes à peine post néandertaliens que j'appellerai pour plus de facilité des commerciaux.
Là, plus le choix, un unique commercial vous honore d'un regard: il n'y en a toujours qu'un qui réagit en général, les autres étant apparemment très occupé (sauf si vous êtes en mini jupe et siliconée) quand un ennui se profile. Ils semblent donc laisser au chef de meute la responsabilité de s'occuper de la femme qui se présente et qui doit forcément être perdue. Preuve en est de la suite de mon étude dont je vous communique le premier échange une fois que le chef commercial eut bien daigné s'approcher de moi, sourire mi agacé, mi paternaliste aux lèvres, une bonne minute après mon arrivée à la frontière:
Moi : Bonjour !
Crocodile Commercial Dundee : Bonjour madame, le magasin pièces détachées c'est derrière vous, sur votre gauche...

On ne se démonte pas, on garde un sourire impeccable en espérant que la canine pointue que vous avez déjà envie de lui planter dans la carotide ne dépasse pas trop, mais comme vous avez bien l'intention de lui faire sévèrement baisser les prix, il vaut mieux tenter de brosser l'australopithèque dans le sens du poil, du moins, au début. Ceci dit, j'avoue qu'à cet instant, il faut une certaine force de volonté pour résister à l'envie de lui faire sauter les 2 yeux hors de ses orbites. Non pas juste à cause de cette petite remarque, mais de l'ensemble des choses émanant de ce fier commercial.
Revoyons la scène au ralenti et observons notre sujet: il est légèrement bedonnant, sans trop et il émane de lui une espèce d'auto-suffisance, de supériorité et d'assurance de mâle guerrier, son regard est chafouin et hypocrite, limite moqueur, on y descelle un fort machisme et des idées bien ancrées sur ce que font ou pas les femmes dans certaines situations. Ici par exemple, une femme ne peut en aucun cas venir acheter une voiture, tache exclusivement réservée aux hommes, elle ne peut être là que:
1 - pour rejoindre son mari qui la consulte pour ce qui est de son ressort à elle, chose délicate, supperficielle et sensible (et ainsi la réjouir en la faisant participer à ses activités naturellement mâles) à savoir, la couleur de la carrosserie;
2 - elle n'a forcément pas vu l'énorme panneau rouge et les flèches indiquant "Magasin" dans son dos, car une femme est forcément tête en l'air et aime à demander son chemin même quand il est clairement indiqué (à l'inverse de beaucoup d'hommes d'ailleurs qui eux refusent farouchement de le demander même quand ils sont perdus, ça, je comprendrai JAMAIS  oO). Et il est aussi de son ressort à elle, de venir remplacer les pièces de la voiture qu'elle a forcément cassées, car les femmes ne savent pas conduire, c'est évident, "femme au volant, la mort au tournant" est surement la maxime numéro 1 dans le manuel des Australopitécus Commecialibus Vehiculorum.
Alors que tout ce schéma se met en place dans ma tête en une fraction de seconde, la moutarde commence déjà à me monter et ne fait que piquer d'avantage quand il se fend d'un sourire qu'il doit vouloir désarmant et Ultra Brité, toujours teinté de cette espèce de suffisance passablement irritante, et tend négligemment le bras pour m'indiquer le dit magasin de pièces dans mon dos.

Moi: Heu non, là je viens plutôt me renseigner pour acheter une voiture d'occasion. Je voulais des renseignements sur les New Beetle cabriolet.
Je me rend bien compte que notre sujet est alors un rien déstabilisé, la situation est anormale! Alors comme toute bête sauvage se sentant acculée et obligée de gérer l'ennemi (alors que d'habitude il le refourgue au magasinier), il se redresse fièrement sur ses ergots et agite sa fourrure pour paraitre plus imposant. En l'occurrence, la meilleure défense étant l'attaque, il est bon de décourager l'adversaire.
CCD : Ah je vois mais vous savez Madame (appuyez sur la veulerie et l'hypocrisie qui ressort quand il dit "madame"), vous savez Madame, ça coute très cher ce genre de voiture !
Moi : (on parle d'une coccinelle  je le rappelle hein, je ne suis pas chez Porsche, Rolls ou Maserati) Je dispose de 15 000 euros je pense que ça devrait largement suffire pour une coccinelle d'occase quand même.
CCM : (petit  rire supérieur et vague sourire paternaliste, desquels émane quasiment une sorte de léger dégout, comme si je venais de dire une grossièreté) Ah mais ma petite dame (oui, passe du madame quasi moqueur au "ma petite dame" carrément méprisant en 2 coups de piston) ma petite dame, il faut compter au moins 25 000€ pour ce genre de véhicule!

Là c'est moi qui reste comme deux ronds de flan quand même, sous le regard satisfait et vainqueur du commercial, me demandant si il a bien compris de quoi je parlais.
Moi : (tentant l'humour, grosse erreur) Heu attendez, je ne veux pas en acheter 3 hein, juste une seule !
CCM : (hermétique à tout humour ne faisant pas appel à un élément au dessous de la ceinture et renonçant apparemment définitivement à une once d'amabilité, optant pour l'agacement définitif) Il faut avoir les moyens de ses ambitions ma petite dame, ça n'est pas n'importe quelle voiture.
Moi: (là cette fois, laissant moi aussi paraitre mon agacement) heu .. Si j'ai bonne mémoire, quand Volkswagen a sorti la coccinelle, c'était tout de même "la voiture du peuple", fiable, pas chère accessible à tous. Je veux bien qu'on soit loin de la politique commerciale d'après guerre, mais la new beetle est quand même aussi loin niveau motorisation de ce qu'était sa grande sœur. Rien que le fait que ça soit une traction au lieu d'une propulsion fait largement baisser son intérêt niveau pilotage. Un prix aussi prohibitif me semble donc passablement injustifié pour une petite citadine, quand bien même cabrio et rigolote.

Inutile de dire qu'il n'a pas été ravi de ma réponse et que notre conversation s'en est arrêtée là, sur un vague "désolé on ne peut rien pour vous, cherchez moins luxueux pour votre petit budget" qui sous entendait bien "on ne sert pas les pauvres pouilleux ici, encore moins quand il s'agit de l'espèce femelle". Pour faire court sur la suite, dans la semaine qui a suivi, je suis entrée en possession de ma nouvelle copine, dans mes maigres et féminins moyens (et moins luxueuse selon la théorie de l'autre grossier néandertalien), rapidement baptisée Zeuh. J'ai du me "rabattre" (pauvre de moi!) sur cette misérable chose pour femmes financièrement limitées qu'est ma copine BMW Z3 roasdster cabrio, que je préfère largement à la petite bulle volkswagenniène que j'envisageais au départ (étonnant non? :p).

Je me suis quand même payé le luxe de retourner chez VW dans la foulée, de me garer quasiment dans le hall d'accueil et, toute sourire, d'aller remercier très ironiquement et preuves à l'appui mon cher commercial, lui disant que j'étais ravie de sa prestation et de ses conseils grâce auxquels je roulais à présent dans une vraie voiture classe, confortable, propulsion, bien loin du pot de yaourt prohibitif qu'il avait à vendre. Et de conclure,toujours toute sourire face à un pauvre sujet d'étude(totalement effaré et la bouche grande ouverte : "Vous devriez demander aux concessionnaires concurrents de vous verser des pourcentages sur les ventes de tous les véhicules que les gens ayant eu affaire à vous préfèrent aller acheter ailleurs plutôt que chez vous, tant votre accueil et votre amabilité incitent à s'y précipiter. Je pense que vous doubleriez sans aucun soucis votre salaire. Bonne journée"

Je crois m'être encore fait un ami :)