vendredi 11 février 2011

De trafiquer à sucer, il n'y a qu'un mammouth ...

A l'heure où le chômage bat des records de fréquentations, que même Facebook en est vert de jalousie, où la justice se met en grève, où des fillettes disparaissent enlevées par leur propre père, où l'actualité nationale et internationale atteignent des degrés de "déplorabilité" affligeants, il est terrifiant de voir que, dans l'éducation nationale aussi, on est confronté à des horreurs sans noms, dignes de faire les manchettes de nos journaux régionaux.

Et bien oui les gens qui vous demandiez ce que je fichais à ne plus rien poster ces derniers temps (si, si, y'en a des qui se posent la question hein!), oui, il est temps de soutenir nos amis de l'éducation nationale, et en particulier ces chefs d'établissements qui  doivent faire face chaque jour à la délinquance, à la violence et même aux trafics les plus odieux perpétrés par de petites graines de voyous, mais jugez plutôt.

Comme je m'ennuyais ce matin, je suis repartie fureter rapidement sur ma page iGoogle section actualités nationales et ... enfer et désolation ! Que vois-je en titre au milieu de tous ces problèmes de société qui nous écrasent? Un titre passablement prometteur qui est celui-ci :

"Trafic de sucettes démantelé dans le Vaucluse"

Alors, évidemment, moi et mon esprit ouvert et totalement tolérant, nous sautons à pieds joints dans un article qui fleure bon la promesse d'un fou rire matinal, et nous ne sommes pas déçus. Cet article n'a pas la même saveur de terroir et de blondeur crasse que le précédent tiré de faits divers, mais faire toute une histoire pour ça, avec tout ce qu'il se passe en parallèle, j'avoue que ça m'a fait rire (il m'en faut pas beaucoup, je sais, s'pas pour rien que certains d'entre vous arrivent à me faire marrer :p Ça, c'est fait :p)

Donc déjà, moi, voir dans la même phrase "trafic démantelé" et "sucettes", ça me laisse quand même rêveuse. Mais quand en plus je lis l'article ...

"Âgé de 12 ans, un collégien du Vaucluse est convoqué le 17 février en conseil de discipline : il avait vendu des sucreries au sein de l'établissement. Sa maman estime qu'il y a "une disproportion", le principal assume la mesure" 
Disproportion heu ... oui, je pense que c'est le mot exact qu'on peut employer sans rougir là, quand même. Ceci dit, "disproportion" et "assume la mesure", prennent toute leur ampleur (si je puis dire) dans le paragraphe suivant (messieurs les journalistes, y'a des yeux passablement fourbes et à l'esprit tordu dans vos lecteurs, vous devriez faire gaffe !) où on nous informe sur le nom et la nature de la confiserie en question:

"Dans les cours d'école, on l'affuble du doux nom de "couille de mammouth", rapport sans doute à la rondeur et à la taille de la confiserie (60 grammes tout de même) et à l'emballage estampillé d'un dessin de la créature préhistorique. Cinq parfums possibles, des couleurs changeantes au fil de sa consommation finissant par un cœur de chewing-gum ont suffi à susciter l'engouement "

Là moi, désolée mais j'ai l'impression de lire un catalogue vantant les mérites d'une nouvelle gamme de capotes king size multi-couches aux goûts variés ... Et me dire qu'en fait, on parle de sucettes, j'avoue que ça ne fait que confirmer mon fou rire ! Ceci dit, faut quand même avoir un chef marketing passablement tordu (mais au demeurant génial) pour arriver à faire du fric en faisant sucer des couilles de mammouths à des mômes, franchement, je dis chapeau, fallait oser ! Mais revenons à notre Pablo Escobar vauclusien.

"Alors en novembre dernier, Flavien a commencé à en fournir à ses camarades du collège, moyennant finances." 
Ben ouais faut pas être con, c'est pas mère Thérésa, il les fait payer et il prend une com', ça sera un bon commercial c'est tout ...
L'ado nous confiait, hier, en avoir vendu quatre boîtes de 36 mais n'en avoir tiré au total qu'un bénéfice de... 28 euros, certaines ayant été cédées à prix coûtant. 
Bon là par contre, niveau rentabilité, c'est pas demain qu'il prend sa retraite quand même, va falloir un peu bosser les marges bénéficiaires....
"Les commandes étaient parfois passées d'avance et la cour servait de lieu de transaction. "C'était pour rendre service car on ne les trouve qu'à Sorgues dans la boulangerie de mon père et chez le marchand de journaux à côté, explique Flavien. Mes copains d'Entraigues ne pouvaient pas venir en acheter". On appelle ça du commerce équitable et un sens développé des besoins locaux et carences immédiates avec résolution simple des problèmes inhérents, plus un atout non négligeable en gestion de l'import, moi franchement, il a 12 ans il est bien parti ce môme je trouve. 

"J'ai été convoqué lundi matin par la CPE, raconte l'ado qui assure ne jamais avoir été averti auparavant. Elle m'a dit, il y a un problème de sucreries." Et elle est arrivée à rester sérieuse en lui disant ça?  oO Les CPE sont une mine de compétences et de maitrise d'eux-même qui m'épate quand même, on sent bien que ça rigole pas dans l'éducation nationale :) Et le vocabulaire employé à la suite insiste sur le côté dramatique de cette sombre affaire, du "mon fils avait été interpellé pour trafic de sucettes" à la "convocation pour un conseil de discipline, (...) avec pour motif un "commerce illégal dans l'établissement", alors que rien dans le règlement intérieur n'interdit la vente dans l'enceinte du collège. En quoi un truc peut être illégal si il n'y a pas de loi qui le règlemente? Là faut qu'on m'explique, je suis pas très douée en droit mais il me semble que "illégal" est l'inverse de "légal" et que ça sous entend donc "conforme à la loi". Si y'a pas de loi .... CQFD quoi. Et puis .... on parle de sucettes! Pas de kilos d'héroïne pure ! Faudrait voir à garder le sens des proportions (préhistoriques et couillues certes, certes ...)

Alors comme je ne suis pas du genre critique à tirer sur l'ambulance ou le corbillard (ah si? Mince ...), que je veux apporter mon soutient plein et entier aux chefs d'établissements dans cette affaire, mais que je suis un peu bête aussi des fois (et que j'aime bien qu'on m'explique les choses), moi je dis, je suis d'accord: vendre plus cher que ce qu'on les a acheté, des trucs dans l'enceinte d'un établissement scolaire, c'est inadmissible et passible du conseil de discipline, voire même du renvoi.

Ceci dit, et c'est là que j'ai besoin qu'on m'explique un truc, comment allez vous faire, messieurs, pour nous refourguer les photos de classe, les billets de tombola et, dans certains établissements, les viennoiseries que vous revendez avec des bénéfices ? Conseil de discipline pour l'équipe de direction?

Comme quoi, le commerce au sein des établissements scolaires, c'est interdit et illégal, sauf si le fric rentre dans les poches du dit établissement, là on a le droit. Je pense que ce proviseur a du faire HEC avec certains de nos hommes politiques et préfère casser les c**** plutôt que de voir les élèves les sucer ...

C'est louable, on peut comprendre, mais au final, franchement, cette info :
 de mammouth ....