jeudi 15 novembre 2012

Quelques grammes de finesse dans un monde de brutes (1)






Et oui, ma (notre) Grand-Mère et arrière Grand-Mère. Impossible d'avoir un libellé "famille" sans lui rendre hommage. Poète de tous temps, elle a toujours écrit. Pour elle, pour nous, pour les autres. Elle n'a jamais eu aucune prétention dans ses poèmes. Juste, elle aimait ça et n'a jamais même pensé qu'ils puissent un jour être lus par d'autres. Quand je lui ai parlé de les montrer à un éditeur, elle a rit, comme si mon idée était d'un ridicule inimaginable. Je ne l'ai pas fait, mais je répare un bout de mon erreur aujourd'hui, en les "présentant" ici.

Navrée pour ceux qui aiment plutôt mes articles rageux (qui se font plus que rares, à ce que je viens de voir) mais cette fois, ça sera une série de textes qui ne sont pas de moi, mais d'elle. Ils sont issus d'un autre temps, du temps de son premier prétendant, comme elle dit, lui envoyait des lettres versifiées auxquelles elle répondait de même. En les relisant, elle s'est dit que toute cette correspondance mise bout à bout, pourrait faire une histoire.
A l'aide de quelques légers rajouts de versifications par ci, de petites pirouettes par là, ce long poème est né, de cet échange épistolaire.

Je ne le posterai que petit à petit, pas tout d'un coup. Non que cette histoire vécue ne soit pas facile ou belle à suivre, mais un brin de suspense, comme celui que ces deux amoureux, attendant fébrilement la réponse de l'autre, pouvaient le vivre, me parait plus pertinent.

Pour les allergiques à la poésie, je vous déconseille cette série de posts, pour les autres, ma foi, partagez ces textes, si ils ont réveillé chez vous quelque chose de positif: apparemment les réseaux sociaux sont une mine de reconnaissance et elle la mérite plus que personne :)

Je boirai vos larmes 
par Mireille Meillon

Séparation - Voyage

Le train s'est ébranlé,
T'emportant loin de moi.
Le cœur gros et peiné,
Qui ne bat que pour toi.
Sa tristesse est si grande
Qu'il te pleure tout bas;
Demandant qu'on lui rende
Celle qu'il n'oublie pas.
C'est vers toi, Mon Amour, que s'en vont mes pensées.
Par dessus bois et monts, rivières et vallées.
Elles vont te rejoindre malgré l'éloignement, 
Avec tous mes baisers et ce, bien tendrement.

Aveux

Je ne sais pas faire de lettre d'amour.
Je sais encore moins bien en parler.
Quelquechose me retient toujours
Lorsque je crois enfin pouvoir l'avouer.

Je ressens beaucoup de choses en mon âme;
Mais je n'ose jamais en causer.
Peut-être que si tu deviens ma Femme,
Plus facilement je me confierai.

Je dois paraitre sot bien souvent:
Que veux-tu? On ne peut se changer.
Je te demande d'être très indulgente
Et de bien accueillir mes aveux versifiés.

Pardonne les incorrections de mes poèmes:
Je ne suis pas poète de métier.
Ils sont écrits pour prouver que je t'aime
Et me permettre de mieux m'exprimer.

Il m'est plus facile d'en parler ainsi.
C'est bête, je sais, mais je n'y peux rien.
Enfin ... J'ose beaucoup plus et voici
Que je peux dire: "Ma chérie, je t'aime bien..."

Carrefour du destin

Oh! Je voudrais pouvoir te dire
Tout l'amour contenu dans mon coeur!
Devant le papier je soupire,
Ne sachant pas exprimer mon bonheur...

Ma plume taquine reste muette,
Ne voulant pas trahir mes pensées.
Je n'ose désobéir à cette coquette
Qui m’empêche de te l'avouer.

Mon amour pour toi est cependant immense,
Aucune chose ne peut le renfermer.
Mon cœur est trop petit et je pense,
Qu'il va m'être doux de te le donner.

Depuis longtemps il sommeillait en moi-même.
J'aimais, sans savoir Qui, mais d'un Amour très fort,
Celle avec qui je partagerai joies et peines
Tout au long de notre vie. Jusqu'à la mort.

Il m'était doux d'aimer cette inconnue,
D'entretenir et de lui garder ma tendresse.
Dans mes rêves elle m'était apparue
Et j'y songeais parfois avec tristesse.

Ce bonheur me semblait impossible et lointain:
C'était pour moi, un mirage à craindre!
Quelque chose de très beau et d'incertain,
Que je ne pourrais jamais atteindre.

Et tu es venu un jour. Surpris
Je ne pensais pas à toi, et cependant,
Dès les premiers mots j'ai été conquis.
Ne pas céder à cet emballement!

J'ai voulu vaincre mon âme,
Dominer cette attirance envers toi.
J'ai voulu éteindre la flamme
Que tu avais allumée en moi.
Je t'avais demandé de m'écrire:
 J'ai répondu, mais très froidement.
Je n'ai pas arrêté de sourire
Tandis que j'écrivais contre mes sentiments.

J'ai été méchant, je le reconnais...
Pour que tu ne soupçonnes pas
Que ta pensée souvent me hantait.
Me suivant tout le jour, pas à pas,
Tes lettres sont venues me rejoindre.
Je les attendais le cœur battant,
Chaque fois, je sentais poindre
Au fond de mon cœur, un petit pincement.

Un jour, je n'en eux pas:
Le déception éprouvée fut grande!
Mon coeur soudain fut très las,
Je compris qu'il s'était laissé prendre...
Je fus heureux et effrayé à la fois,
Me demandant où cela me conduirait.
Je sentais mon âme toute en émoi, 
Sachant que toi aussi tu m'aimais.
J'ai cru plus sage de ne rien dire,
Pensant que cette attente te lasserait.

Tes lettres assidues venaient me contredire 
Et, malgré moi, un espoir naissait.
Nos vies se sont croisées
Au carrefour du destin.
Nos cœurs s'y sont rencontrés
Et sagement se sont aimés.
Laissons les faire puisqu'ils sont heureux,
Et si tu le veux, aimons-nous comme eux.
Cet amour qui était en moi
Ne sera plus inutile et perdu.
Maintenant il sera pour toi
Puisque tu étais mon inconnue.


A suivre .....