jeudi 2 mai 2013

L'écho de nos collines






Quel titre!!*
 (*NDR: toutes les citations sont réelles, issues du dit "journal", je tiens les preuves du délit à la disposition de qui veut ^^)

Moi si attachée à ma région, mon passé, son histoire, son panorama ...

J'ai ouvert ma boite aux lettres l'autre jour, et au milieu des factures et pubs diverses pour le super canapé cuir pas-cher-viendez-vite-l-acheter-c-est-une-affaire!, s'est détaché un petit journal. Oh ... Rien de très prétentieux, à peine 4 feuilles A4 imprimées en noir et blanc, enfin ... photocopiées aux deniers des bénévoles ... Loin des grandes productions de Libé, Le Monde, Le soir, La Provence ou autres ...
En fait, MiniMoi joue avec à la maitresse depuis une semaine ou 2 et je n'y avais pas prêté attention. Mais ce soir, m'ennuyant un peu, plus par manque d'autre chose à lire que par réel intérêt, j'ai feuilleté .. QUELLE ERREUR de n'avoir pas lu ces lignes avant ! Quelle erreur d'avoir délaissé ce journal low cost en noir et blanc !

 Le titre même, en ouverture de mon article, fait déjà chanter les cigales et vibrer le soleil chaud et sentant le thym et le romarin !!
Le fait qu'il soit rédigé par le "groupement des Comités d’Intérêt de Quartiers" pourrait rendre la poésie Pagnolesque promise par le journal, passablement barbante... D'autant qu'il s'agit donc d'un journal faisant état des doléances diverses et variées des habitants des quartiers, envers la voirie, la mairie et autres institutions... Bon la cohérence entre "collines" et grognes contre l'urbanisme mal fait... Passons. Enfin, c'était sans compter sur mon esprit tordu et analytiquement ludique! Et en lisant les articles avec un esprit comme le mien, on y retrouve pleinement de quoi faire un nouveau film dans la garrigue (sans Depardieu cependant, sa garrigue sentant dangereusement la toundra :p)

"L’écho de nos collines" donc, soit. Mais dès le sous-titre, on s’attend à un décalage non voulu et pourtant omniprésent, à savoir "Il ne faut compter que sur soi-même, et encore, pas beaucoup!" 
Bon, le ton est donné. Le premier truc que mes yeux repèrent, en passant en diagonale, est l’encart sur le côté, annonçant les divers contacts possibles, et en particulier le nom de famille du président du dit comité, écrit plusieurs fois dans les pages, mais jamais de la même façon... Je m'attendais à des coquilles orthographiques diverses et variées, mais non. Sur ce point j'ai été déçue (ou agréablement surprise plutôt). Le contenu par contre, c'est un enchainement de perles sudistes, de tournures de phrases et de formulations délicieuses (et pourtant, qui se veulent sérieuses) ...

Dès l'édito, la Provence chante et je lis avec l'accent: le fier et honorable Président des CIQ harangue:
"Les chaussées se dégradent un peu partout, il faut être influent pour avoir droit à un peu de goudron!!" A l'aire des patchs anti-tabac, des cigarettes électroniques et autres sevrages tabagiques, ça m'a fait rire :p
Mais il reste cohérent avec un "Le centre ville est en décomposition!". Sachant qu'une grande partie des habitants du centre ont en moyenne 80 ans, là encore, c'est cohérent mais bon, quand même, c'est cruel...

Suit un article qui rentre directement dans le vif du sujet à savoir les déboires des pauvres habitants des divers quartiers avoisinants. On attaque par "quelques travaux d'amélioration ont été fait: la suppression des rochers dans le virage" Ah... Oui en effet, on peut estimer que c'est une amélioration de ne pas se retrouver nez à nez avec un rocher en calcaire en plein milieu du virage ! Mais, ne nous réjouissons pas trèop vite car le rédacteur précise "mais cela n'est que provisoire!". Diantre .... Donc j'en conclus que les terrassiers, après être venus virer des rochers, comptent apparemment les remettre plus tard... Je note donc d'éviter soigneusement le coin...

Dans un autre endroit "les nids de poules ont été bouchés, mais il reste une grosse racine de pin au milieu de la route qu'il faudrait enrober dans du goudron". Goudron qu'on obtient qu'en étant influent, je le rappelle. Comme la route pleine de trous est bien plate maintenant, le rédacteur préconise donc d'y faire des bosses. Pourquoi pas... Enfin, en tout cas, on note un certain "respect" de la nature: il n'est pas suggéré de déraciner le pin! Recouvrons-le de goudron, c'est vachement plus écolo!

Plus loin dans l'article, on a enfin la vision Bio-éthique de notre rédacteur (à moins que ça ne soit de l'ironie mais ... je préfère être de mauvaise foi consciemment qu'utopique bêtement. En général, c'est rare de se tromper ). Il conclue donc "Après le chêne centenaire près de Longuelance, un pin de plus coupé: la végétation n'est pas très compatible avec le béton!". Certes, certes, j'entends l'argument. A mon tour d'en énoncer un, tout aussi pragmatique et qui va faciliter la vie de tous à l'avenir: égorgeons les cons, ils ne sont pas très compatibles avec la nature et la planète !

Les grognes et formules sudistes, c'est toujours un plaisir ceci dit, et la Lapalissade suivante aurait fait pâlir de jalousie le fier homme dont est tiré ce néologisme : il peut ricaner le bougre, il a réussi a coloniser le sud! "Sur le chemin de Longuelance, rien de neuf, elle dépend de Valdonne et comme elle n'évolue guère, cela peut durer longtemps!" *Applaudit chaudement* Monsieur le Président du CIQ, vous venez de gagner tout mon respect ... Respect que vous auriez gardé plus d'une demi page si je n'avais pas lu dans le paragraphe suivant un illogisme d'une telle pureté que j'ai presque envie de faire encadrer ces deux phrases pour les accrocher au dessus de mon lit en guise de pensum quotidien: "Ne pourrait-on pas diminuer la largeur de la chaussée et ainsi augmenter celle des trottoirs? D'autant plus que la circulation et le trafic routier ont énormément augmenté ces dernières années (...) Si l'ont veut que les citoyens utilisent les transports en commun, il faut bien qu'ils puissent se déplacer sur les trottoirs". Donc je résume: beaucoup de véhicules / bus (donc larges) = moins de route et + de trottoirs. Je suppose que la ville envisage de faire des bus capables de rouler moitié à cheval sur les trottoirs plus larges, moitié sur la chaussée plus étroite... A moins que le but est que les usagers des transports en commun puissent voyager ... à pieds sur des trottoirs plus surs et plus larges... A moins que ... Bon dieu! Mais faites donc sortir ces rats de ma tête mademoiselle Germaine me voilà toute décoiffée du cortex !!

Passons!

Mes passages préférés, dignes de Marius, Fanny ou César, restent ces petites piques lancées aux autorités publiques, bien que ce petit journal fasse aussi office de cahier de doléances auprès des-dites autorités, encore une logique qui m'échappe... En effet, si vous voulez que monsieur le Maire fasse au moins semblant de vous écouter d'une oreille compatissante, bien que plus tombante que celle d'un Cocker, est-ce bien pertinent d'écrire: "A signaler une réfection partielle du chemin de la Bonne Jeanne, mais bizarrement, elle ne touche que la partie qui mène aux propriétés de M. le Maire alors que le reste du chemin est plein de nids de poules !!!" Est-ce nécessaire de commenter? Vraiment ? Ah! si! le chemin en question est situé sur la commune d'Aubagne, et nous parlons là du maire d'Allauch. En gros, 3 km certes, mais bon, c'est quand même pas la même commune: échange de bons procédés Messieurs les Maires?
Mais rassurez vous mes bons Messieurs les élus, nous avons cru aimable de glisser un petit remerciement à votre égard suite au loto que nous avons organisé. Si! Si! Je vous assure!! Lisez plutôt ce charmant compliment tout à fait apte à faire passer la piquante pilule ci-dessus : "Nous avons apprécié la visite de M. le Maire et de Mme la Présidente de l'agglo (...)". Vous voyez que c'est gentil hein? Comment? Que ? ... Ah, oui effectivement, évitez de lire la suite de la phrase parce que .... damned "(...) de l'agglo car c'était bien la première fois que l'on nous faisait cet honneur!". Heu ... Appelez moi Henry et dites lui qu'il est viré! Ah c'est un neveu et bien ... *tousse*. la suite, vite !

Je terminerai mon voyage Provençal avec un passage tiré de l'encart en fin de journal, alarmistement intitulé "Sécurité: dernière minute" (en gras, souligné, encadré et en caractère 2 fois plus gros que le reste du journal). On nous y rapporte un grave problème de sécurité d'une dame s'étant faite agresser et voler sa voiture, actes se répétant apparemment souvent et qui entraineraient les gens à s'équiper de vidéo surveillance. Certes, c'est bien gentil, merci de nous informer, on sera prudents, d'autant qu'après la petite attaque aux maire des communes, la presse en prend pour son grade puisque l'évènement "a été très peu ou pas relaté dans la presse!". Scandale. C'est mignon me direz vous mais, et alors? Alors, je vous livre les 3 premières lignes texto, afin que vous appréciez le piment de la situation et la logique de tout cela (je n'ai rajouté que les soulignements, pour les plus benêts ou endormis d'entre vous: après tout ce texte, on peut presque vous pardonner de somnoler :p):

"Nous apprenons qu'une habitante du quartier vient de se faire agresser et voler sa voiture, en rentrant chez elle entre 12h30 et 13 heure le 4 avril. Outre la frayeur qu'elle a du supporter, elle constate que nos lieux de vie sont de moins en moins sûrs et très peu éclairés" ....

Sud de la France. Mois d'avril. Midi et demi. Insécurité découlant d'un manque d'éclairage... Je vous laisse gamberger.

Pour ma part, je vais surveiller ma boite aux lettres pour ne pas rater la prochaine parution et en continuant à scander que

Les gens, c'est le mal !