lundi 19 février 2018

Mon rendez-vous médical à l'Overlook avec le Docteur Taille 4 ....


Comme vous le savez, petits chanceux (et dans le cas contraire vous allez l'apprendre), me voilà affublée d'une bonne grosse entorse des doigts de la main gauche. Passons sur le pourquoi du comment, qui n'a de plus improbable que le ridicule de l'action.

Bref, urgences hospitalières un dimanche (ZE sortie dominicale s'il en est), et on me donne rendez-vous aujourd'hui pour une visite de contrôle chez un médecin spécialisé.

Sur le coup, j'ai pas demandé plus de précisions, vu que le médecin urgentiste m'avait conseillé de voir un chirurgien de la main. Au final, il se trouve que j'ai rendez-vous avec un chirurgien orthopédiste. N'ayant jamais vraiment eu de soucis d'os brisés, pour moi, l'orthopédiste s'occupait des pieds, et du coup, ça m'a fait flipper léger. Bon au final, il fait aussi les mains, me voilà rassurée!

J'ai RDV à 15h45, je me pointe donc sagement à 15h30 et là, commence la folle aventure. Déjà, même avec un rendez-vous bien défini avec un médecin bien déterminé, il faut prendre un ticket à l'accueil et attendre son tour.

Bon, me voilà l'heureuse propriétaire du numéro 48 et un rapide coup d’œil au compteur m'apprends qu'on "sert" le 31... Bien bien bien, je prends mon mal en patience et décroche enfin le document bloquant pour que j'accède à mon rendez-vous à savoir: le même document que celui qu'on m'a remis pour me présenter à l'hôpital il y a une semaine ...
Il est 16h, je suis donc déjà en retard, ce que je fais remarquer au mix-Pitt Bull / piranha derrière la vitre, qui me répond d'un vaguement d'épaules et d'un "ah bah ça ..." plus que limité.
A ma demande, elle m'indique la direction par un "c'est le couloir là bas, le bureau 8 ... Ou peut être le 12 je sais plus, ça change tout le temps".
Ok ... Direction le couloir donc, et la porte 8 pour commencer. Je sais pas vous, mais ces couloirs d'hôpitaux .... On se croirait dans l'Overlook, l'hôtel dans Shining...
- Oh! ça y est, je vois le rapport avec le titre !! Vous direz vous
- Super, trop fort, aller sois sage et va jouer avec des seringues usagées mon p'tit!

Cet hosto là ne diffère en rien des autres:


Gai, sympathique, rassurant, un vrai petit cocon de joie, de calme et de zenitude (surtout près de la morgue, mais chaque recoin semble mener à la morgue ...). Aller hop, me voilà devant la porte 8 sur laquelle est indiqué "CHIRURGIE VISCÉRALE". Ah ... Mon colon allant jusqu'ici relativement bien, je cherche la porte 12 qui mentionne elle aussi "chirurgie viscérale"... Éloignant rapidement de mon esprit la théorie du complot montée de toutes pièces contre mon foie fatigué, ou un mec voulant absolument que je subisse une coloscopie ... Mais je m'égare.

16h05 : (oui je suis bien restée 5 minutes à chercher une porte dont l'appellation me semblerait plus adéquate), une dame assise entre la 8 et la 12, apparemment très habituée aux lieux (sachant qu'elle a passé tout son temps d'attente à dire bonjour voire, faire la bise au personnel soignant qui s'était égaré là) me précise diligemment devant mon désarroi qu'il faut se présenter au secrétariat. N'ayant rien vu qui ressemble de près ou de loin à un secrétariat, elle me désigne une vague porte couverte de notes diverses et variées (dont aucune ne mentionne "secrétariat"), porte à laquelle je vais frapper en soupirant.
Toc-Toc, suivi d'un "entrez" sec, et me voilà devant une jeune dame qui tient plus de la skin-head en blouse bleue que de l'administrative hospitalière. Elle me jette un rapide regard tout aussi sec que son "entrez" (si, si, un regard peut être sec, je vous assure!) et me désigne juste son bureau du menton quand je lui présente mes feuilles de rendez-vous avec un " 'Tendez dehors" fraîchement enjoué.

De 16h06 à 17h00: j'attends donc, avec la dame habituée et 2 mémés qui papottaient gaiement de :
- leurs problèmes de sphincters nocturnes et de matériel hygiénique à contenant trop limité,
- de jambes ("vous marchez, vous??"),
- de lit qui donne des fourmis,
- de qui de leur famille venait les voir "parce que moi j'ai mon fils vous savez!" (avec ce petit ton qui semblait espérer que l'autre mémé, elle n'ait pas mieux, voire personne),
- des médecins qui ne passaient jamais
- des repas servis trop tôt (ou trop tard) et qui relâchent les sphincters, ce qui ramenait invariablement la conversation sur le premier point que j'ai mentionné.

16h45: il ne reste plus que moi qui attend, sur des chaises en fer totalement bancales et qui grincent, même si elles sont boulonnées au sol. Vous avez remarqué ça? Ils grincent toujours ces maudits fauteuils ... Et ils les boulonnent toujours au sol, comme si, moches, cassés et vétustes comme ils sont, quelqu'un risquaient de les leur piquer .... Moi, pendant toute mon attente, je faisais surtout gaffe de pas chopper le tétanos en me blessant avec!

Comme je m'ennuie, je décide de rendre hommage à ce fort intéressant et rassurant lieu d'attente, en me demandant avec quelle maladie j'allais bien pouvoir repartir ... Etat des lieux en une image:



Notons l'utilité de la poubelle, la propreté du sol (oui oui, c'est de la crasse, pas de l'usure), je vous passe le bruit régulier juste en face de moi de la colonne des sanitaires chantonnant régulièrement son glouglou d'évacuation de déjections diverses et variées des étages supérieurs de l'Overlook, heu hôpital... Une vrai attente bucolique, en somme !

17h: Thomas me rejoint enfin et patiente avec moi pendant que je lui narre mes folles et ludiques aventures champêtres devant son air mi-halluciné, mi-rigolard.

17h15: je reste donc la seule dans le couloir d'attente, ce qui n’empêche pas une infirmière de me demander mon nom. J'ai retenu un "ben la dernière personne qui avait rendez-vous, con****", on m'apprends que c'est enfin à moi et j'ai le droit d'accéder au cabinet du médecin dans lequel Thomas m'accompagne.

Bon, c'était déjà pas mal comme instant de vie chelou, mais la suite confine au trip sous acides...

En fait de cabinet, c'est un petit bureau meublé avec des restes de la guerre (celle de 14 hein, même pas la dernière), avec un câble pour brancher un Mac qui doit être aussi vieux que le mobilier, un sol tout aussi crade, 2 chaises même pas assorties (je crois qu'il y aurait eu 2 chaises de jardin en plastique, ça aurait été plus cosi...), et là... Personne... On attend encore 5 à 10 minutes, moi autopsiant les lieux pour découvrir quelle maladie nouvelle on va chopper ici, Thomas trifouillant le câble du Mac, intrigué de voir que ça existe encore.
Perso, je me suis d'entrée fait une image mentale du "docteur" qui allait me recevoir en voyant, accroché au mur, ce magnifique calendrier :



Alors, 2 remarques me sont venues:

1 - Le mec doit vraiment pas aimer son boulot et se faire chier à mort pour cocher les semaines l'une après l'autre comme un bagnard dans sa cellule
2 - Vue la rigueur, la finesse, la précision des traits barrant le calendrier, si ce mec devait me faire une chirurgie, je crois que je préférerais encore me faire opérer par un babouin sous valium ....

J'en était là de mes réflexions quand un type improbable arrive enfin (le chirurgien, apparemment):
- Une coupe de cheveux totalement aléatoire et sans aucun doute savamment effectuée au pétard (gras)
- Une blouse et un pantalon verts chirurgien, tenue artistiquement froissée du col jusqu'au bas du pantalon (il avait du dormir avec plusieurs jours, c'est pas possible autrement) et agrémentée, sur le devant, par une guillerette tache d'une taille respectable qui ressemblait à s'y méprendre à une tache de sang....
- Des dents bizarres,
- Cerise sur le gâteau, l'autocollant au dessus de sa poche de poitrine, celui qui normalement porte le nom du médecin, mentionne fièrement "TAILLE 4" .... Sans déconner, je sais pas comment je me suis retenue d'éclater de rire .....

Bref il émanait de lui toute la science, le sérieux, le coté rassurant propre au corps médical,  la propreté et .... Non, résolument il avait l'air totalement taré !

Tare vite confirmée par le fait que, le matériel informatique étant tellement poussif, il a demandé à Thomas si il s'y connaissait en informatique et l'a emmené dans un bureau adjacent pour qu'il l'aide à se connecter au réseau de l'hôpital (avec un échec cuisant, au demeurant). Alors vous direz sans doute que j'exagère, mais c'est la première fois de ma vie qu'en ayant un rdv avec un toubib, ça commence par du support technique de l'ordinateur du "Docteur Taille 4" ! oO

Je passe le reste du rendez-vous pendant lequel le mec te dit "alors, pourquoi vient l'animal?" et où, croyant avoir mal compris, tu te rends compte qu'en fait, non, vu qu'à la fin il te dit "bon je revois l'animal dans 3 semaines" et autres joyeusetés.
Mais curieusement et même de manières carrément illogique,  il était malgré tout sympathique ...

Les mystères de la médecine, sans doute ....